Hugues Le Gendre

(note n°384 du )

(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)

Personnage

Ce costume que j'enfile, mais qui finit par m'enfermer

Un personnage est une construction de l’égo que j’enfile régulièrement comme un costume pour paraître quelqu’un d’autre que moi aux yeux des autres.

On peut avoir plusieurs personnages. Ils peuvent évoluer au fil du temps.

Ils sont, au départ, aidants. Ils nous aident à projeter une image que l’on estime plus facilement aimable par les autres. On les enfile un peu comme on enfile un costume de superhéros. Avec eux, on devient invincible. Ou du moins, moins fragile.

L’enfance est un moment clé où ils se développent, mais ils peuvent apparaître aussi dans nos grands changements d’environnement, par exemple au travail.

Ainsi, j’ai par exemple développé le personnage du zouave lorsque j’étais jeune1. À rire de tout, j’essayais d’apporter de la joie dans ma famille, grâce à l’humour, notamment le second degré. De même, je me suis collé l’étiquette de celui qui savait tout. Très fier de ma curiosité un peu large, il était important pour moi d’avoir une réponse à tout2.

Il y a deux problèmes avec les personnages.

Déjà, ils ne sont pas moi. Ou en tout cas, ils sont une partie restreinte de moi et mettent une sorte distance entre les autres et qui je suis vraiment3.

Surtout, ils finissent par m’enfermer4. Je me retrouve avec cette étiquette, que j’ai choisie au départ, qui me colle à la peau. Les autres ne comprennent pas lorsque j’en sors. Ils peuvent avoir tendance à m’y remettre. C’est plus rassurant pour eux de garder cette version de moi en tête.

Ainsi, je me suis retrouvé au bout d’un moment très à l’étroit dans le personnage de zouave. Il devenait compliqué d’avoir une discussion sérieuse avec certains, car ils pensaient que je fonctionnais encore au second degré. Je peux avoir du mal ensuite à m’en détacher : je resterai le type qui rigole de tout, alors que je suis tout autant le type à qui on peut se confier, etc.

De même, que se passe-t-il lorsque « celui qui sait tout » ne sait pas ?

Bref, un personnage, c’est rassurant. J’en ai parfois besoin dans certains contextes. Mais ça me prend de l’énergie d’endosser le costume, coûte que coûte. Et c’est très frustrant qu’on me remette dedans, alors même que je voudrais me présenter autrement.

C’est là qu’il est important de créer du lien avec des gens5 qui m’aiment pour ce que je suis, et pas ce que je parais.

Notes & références

  1. À relire : rire de la vie.

  2. À relire : avoir raison ou être heureux.

  3. À relire : qui suis-je ?

  4. À relire : contraint d’agir.

  5. À relire : ezer keneged.

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Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

Mes notes d'apprenti-sage sont la collection des petites choses du quotidien qui me nourrissent, modifient mes modèles mentaux, affinent ma philosophie de vie et me guident sur mon chemin d'apprenti-sage.

Une partie d'entre elles a été réunie dans un almanach : une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.

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