Hugues Le Gendre

(note n°260 du )

(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)

Biais d'autorité

Biais cognitif -- je surpondère l'avis d'un dépositaire de l'autorité

Dans la série1 mon cerveau me joue des tours2, rubrique mes biais cognitifs, je demande le biais d’autorité.

C’est la tendance à surévaluer l’opinion d’une personne que l’on considère comme ayant une autorité sur un sujet donné. Cette autorité peut venir de son expertise sur le sujet, mais pas forcément. Les cas classiques : parents, autorité religieuse, manager ou supérieur hiérarchique, médecin, économiste, critique d’art, etc. Et je pourrais rajouter coach ou thérapeute !

Ainsi, je vais avoir confiance en cette autorité et la prendre comme référence. Cela va m’amener à réduire mon sens critique face à ce qu’elle énonce et ne pas la contredire ou la questionner alors même que j’ai des doutes. Je prendrai ainsi des décisions fortement influencées par son point de vue.

C’est ainsi une extension de l’effet de halo3 sur le sujet de l’autorité uniquement.

La fameuse expérience de Milgram4, au début des années 60 aux États-Unis à l’Université de Yale, démontre bien la soumission extrême à l’autorité, alors même que les conséquences directes sont choquantes. Des volontaires sont amenés à « punir » une personne en situation d’apprentissage : à chaque erreur sur un exercice de mémorisation, le conducteur de l’expérience leur demande d’envoyer une décharge électrique à l’apprenant. La décharge est de plus en plus forte. Le système n’est évidemment pas branché et l’apprenant est un acteur, mais le volontaire ne le sait pas. Alors même que les hurlements augmentent face aux décharges reçues, les volontaires malgré leur questionnement et leur inconfort sur l’expérience, continuent majoritairement d’électrocuter le pauvre apprenant, simplement parce que l’expérimentateur leur indique de continuer.

Lorsque le biais est exploité consciemment, on l’appelle argument d’autorité. On confond alors origine et contenu d’un argument pour le faire valoir.

Pour s’en libérer, il faut faire preuve de sens critique — et donc renforcer et activer le système 25 — et ne pas hésiter à multiplier les avis d’experts.

Notes & références

  1. J’essaie de documenter différents biais cognitifs, une fois par semaine, un peu comme je l’avais fait pour les lois de l’UX.

  2. Cette expression est inspirée du titre du livre : A. Moukheiber, Votre cerveau vous joue des tours, 2019. Et de la discussion eu avec le philosophe Charles Pépin dans son podcast.

  3. À relire : effet de halo.

  4. De nombreux papiers scientifiques, résumés dans : S. Milgram, Obedience to Authority: An Experimental View, 1974.

  5. À relire : système 1, système 2.

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Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

Mes notes d'apprenti-sage sont la collection des petites choses du quotidien qui me nourrissent, modifient mes modèles mentaux, affinent ma philosophie de vie et me guident sur mon chemin d'apprenti-sage.

Une partie d'entre elles a été réunie dans un almanach : une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.

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