Biais des survivants
Comment aller au delà de l'histoire écrite par les vainqueurs ?
Concept
Dans la série mon cerveau me joue des tours1, rubrique mes biais cognitifs, je demande le biais des survivants.
C’est2 « une forme de biais de sélection consistant à surévaluer les chances de succès d’une initiative en concentrant l’attention sur les sujets ayant réussi, mais qui sont des exceptions statistiques (des survivants) plutôt que des cas représentatifs. »
Dans l’apprenti-sage sur le principe d’inversion3, j’ai cité un exemple qui démontre exactement le biais des survivants : pendant la Seconde Guerre mondiale, on renforçait les parties4 des avions criblées de balles en pensant que ça allait augmenter leurs chances de survie. Mais un ingénieur a correctement proposé de renforcer plutôt les autres parties, car on se concentrait sur les survivants alors même que l’on souhaitait sauver ceux qui avaient été abattus.
Réaction
Ce biais est à l’œuvre dans de nombreux domaines.
Pour un investissement financier, je risque de ne comparer que les performances des fonds ayant survécu et dont les données sont toujours accessibles et surtout assez bonnes. Mais il faut prendre en compte tous les fonds qui ont été fermés ou intégrés dans d’autres en raison de leur mauvaise performance.
On entend parfois que la qualité de construction des objets a beaucoup baissé, que « d’antan, on faisait vraiment les choses d’une façon plus robuste. » N’est-ce pas peut-être aussi dû au fait que l’on compare tous les objets d’aujourd’hui avec seulement ceux qui ont survécu depuis la dernière génération ?
Idem pour la réussite des entrepreneurs ou artistes qui ont quitté l’école très tôt : on parle aujourd’hui de ceux qui ont réussi et qui sont l’exception plus que la règle...
Dans une logique de développement personnel, cela me pousse à me poser deux questions. De quelles situations suis-je un survivant ? Est-ce que cela biaise mon jugement ?
Les situations peuvent être plus ou moins triviales :
- j’ai très bien vécu mes années de classes préparatoires : est-ce que cela ne me pousse pas à croire que la discipline du travail doit permettre à chacun de s’en sortir ou bien à minimiser la souffrance que cela a pu être pour d’autres ?
- je me suis installé à mon compte en 2015 et ça a tout de suite très bien fonctionné pour moi : est-ce que cela ne me pousse pas à croire que c’est vraiment le chemin d’épanouissement qui devrait être suivi par beaucoup plus de gens ?
- j’ai la chance de voir pratiquement l’ensemble de mes besoins nourris, au sens de la pyramide de Maslow, et je me concentre aujourd’hui sur le dernier étage de la réalisation de soi : est-ce que cela me pousse à croire qu’au fond ce sont les seuls sujets importants de la vie ?
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si je ne m’arrêtais pas aux survivants ?
Notes & références
-
Cette expression est inspirée du livre : A. Moukheiber, Votre cerveau vous joue des tours, 2019. Ce podcast, avec le philosophe Charles Pépin, est à écouter pour en avoir une synthèse. ↩
-
Cf. cette page. ↩
-
À relire : principe d’inversion. ↩
-
Cf. cette image explicative. ↩
Une
entité est
référencée
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
biais
(45)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
Comment interagir avec le graphe de dépendance ?