Cum hoc ergo propter hoc
Comment éviter de voir une corrélation lorsqu'il n'y a qu'une coïncidence ?
Concept
Dans la série mon cerveau me joue des tours1, rubrique mes biais cognitifs, je demande la corrélation illusoire, aussi représentée par l’expression latine cum hoc ergo propter hoc qui signifie avec ceci, donc à cause de ceci.
Ce biais consiste à percevoir une corrélation entre deux évènements alors même qu’il n’y en a pas ou très peu. Il a été découvert2 au départ sur une population de psychologues qui ont, à tort, interprété différemment les dessins de patients, attribués pourtant au hasard, en fonction des synthèses de leurs troubles.
Ce biais apparaît particulièrement lorsque l’un des évènements observés est distinctif, ou inhabituel.
Une des raisons d’apparition de ce biais est l’heuristique de disponibilité : c’est un mode de réflexion qui se base uniquement sur les informations immédiatement disponibles en mémoire3, sans chercher à en obtenir de nouvelles. Ainsi, lors de la recherche de cause d’un évènement, on va surpondérer des informations concomitantes.
Réaction
Ce biais est activement exploité par certaines personnes : cum hoc ergo propter hoc4 représente ce sophisme de prétendre qu’il y a une causation entre deux évènements alors même qu’il n’y a qu’une corrélation. « A est corrélé à B, donc A cause B. » On tombe très facilement dans le panneau.
Le simple fait de dire « A est corrélé à B » est déjà un sophisme, car cela implique une asymétrie, une prépondérance de l’un sur l’autre. On devrait dire « A et B sont corrélés. »
D’un point de vue logique, l’erreur de la corrélation illusoire écrase et ne retient qu’une possibilité parmi 5 :
- A est la cause de B
- B est la cause de A
- un troisième facteur inconnu est la cause de A et de B
- A est la cause de B et B est la cause de A (système qui se renforce)
- la co-apparition est une coïncidence
Il existe un site internet5 très amusant qui recense ces « corrélations fallacieuses », par exemple le taux de divorce dans l’état du Maine et la consommation individuelle de margarine aux États-Unis (99,26 % de corrélation !).
Attention donc à ce biais qui nous menace, notamment en lien avec l’erreur de la preuve anecdotique6. Et il faut y faire doublement attention si on a un travail lié notamment à l’analyse de données : p. ex. estimation de performance de vente, de succès d’un produit ou contenu en ligne, etc.
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si je considérais aussi les autres possibilités, notamment celle de la coïncidence ?
Notes & références
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Cette expression est inspirée du titre du livre : A. Moukheiber, Votre cerveau vous joue des tours, 2019. Et de la discussion eu avec le philosophe Charles Pépin dans son podcast. ↩
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L. J. Chapman et J. P. Chapman, « Genesis of popular but erroneous psychodiagnostic observations », Journal of Abnormal Psychology, 1967, 72 (3) : 193–204. ↩
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À relire : loi de Miller. ↩
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Pour ceux qui connaissent ma passion pour cette série TV, c’est le titre d’un très bon épisode de The West Wing. ↩
-
À relire : erreur de la preuve anecdotique. ↩
Une
entité est
référencée
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
biais
(45)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
Comment interagir avec le graphe de dépendance ?