(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Excès de confiance
Biais cognitif -- j'ai une confiance subjective en moi nettement supérieure à la précision objective
Dans la série1 mon cerveau me joue des tours2, rubrique mes biais cognitifs, je demande l’excès de confiance, aussi appelé le biais de surconfiance.
Ce biais me pousse à avoir une confiance subjective dans mes jugements nettement supérieure à leur précision objective. Autrement, j’ai un problème de calibration de mes probabilités subjectives. On l’observe principalement sous trois formes :
- surestimation : je place une certitude trop forte dans mes capacités, performance, niveau de contrôle ou chances de réussite, notamment sur des tâches difficiles ou compliquées à estimer pour moi3.
Exemples : illusion de contrôle4 — je pense que je contrôle plus qu’en réalité ; illusion de planification — je pense que ça prend moins de temps qu’en réalité ; effet Dunning-Kruger5. - surclassement : je me crois meilleur que les autres3.
Exemples : effet « mieux que la moyenne » — 93 % des conducteurs américains se considèrent comme meilleurs que la médiane6 ; effet d’optimisme comparatif — je crois que j’ai plus de chances que de bonnes choses m’arrivent ; illusions positives — je m’accroche à une croyance positive (notamment les illusions de surestimation) parce que je pense que ça me donnera une vie meilleure, sachant même que c’est une illusion. - surprécision : j’ai une confiance excessive dans le fait de connaître la vérité7 8.
Exemples : intervalle de confiance — je les estime plus resserrés que la réalité : j’ai raison 50 % de fois dans un intervalle que j’avais estimé plutôt à 90 %. Il se produit souvent conjointement à la surestimation.
Cet excès de confiance a de nombreuses conséquences pratiques négatives. Il a été surnommé le « biais cognitif le plus envahissant et potentiellement catastrophique »9 :
- lorsque je me crois plus méritant que les autres, je m’attends à un traitement particulier. Lorsque je me crois plus fort que les autres, j’ai tendance à vouloir le tester. Ceci peut donc causer des grèves, des guerres, des procès...
- lorsque je me surestime, je risque de prendre de mauvaises décisions. Ceci peut causer des bulles boursières ou des accidents.
- lorsque j’ai une confiance excessive dans la précision de mon jugement, je risque de faire des erreurs. Ceci peut causer des problèmes de diagnostic par exemple.
Il est souvent renforcé par une dynamique sociale ou un biais des survivants10 : les gens que l’on voit publiquement ont plus tendance à être ceux qui ont pris un risque, peut-être dû à un excès de confiance.
Après, ça n’est pas complètement noir non plus : on peut capitaliser dessus consciemment pour améliorer son estime de soi et se donner envie de changer. Dans le cadre du coaching, ça a du sens de booster ses ressources pour ne plus avoir peur du changement.
En revanche, cela implique de le faire avec une certaine mesure et surtout de la clairvoyance.
Notes & références
-
J’essaie de documenter différents biais cognitifs, une fois par semaine, un peu comme je l’avais fait pour les lois de l’UX. ↩
-
Cette expression est inspirée du titre du livre : A. Moukheiber, Votre cerveau vous joue des tours, 2019. Et de la discussion eu avec le philosophe Charles Pépin dans son podcast. ↩
-
Don A. Moore et Paul J. Healy, « The trouble with overconfidence », Psychological Review, 2008, 115 (2), p 502–517. ↩ ↩2
-
À relire : changer de perception ; pensées pour lui-même ; arbre de décision du changement ; ce qui dépend de toi et le réaliste. ↩
-
À relire : effet Dunning-Kruger. ↩
-
Ola Svenson, « Are we all less risky and more skillful than our fellow drivers? », Acta Psychologica, 1981, 47 (2), p 143–148. ↩
-
Nigel Harvey, « Confidence in judgment », Trends in Cognitive Sciences, 1997, 1 (2), p 78–82. ↩
-
Ulrich Hoffrage, « Overconfidence », dans Rüdiger Pohl, Cognitive Illusions : a handbook on fallacies and biases in thinking, judgement and memory, 2004. ↩
-
Scott Plous, The Psychology of Judgment and Decision Making, 1993. ↩
-
À relire : biais des survivants. ↩
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