(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Grandir ou vieillir
Ça n'est pas du tout la même chose
Maya Angelou est une poétesse, écrivaine, actrice et militante afro-américaine. Elle est une figure importante du mouvement américain pour les droits civiques. Elle m’offre aujourd’hui une belle réflexion, formulée comme un jeu de mots :
La plupart des gens ne grandissent pas. C’est trop sacrément difficile. Ce qui se passe est que la plupart des gens vieillissent. C’est la vérité. Ils honorent leurs cartes de crédit, ils trouvent des places de parking, ils se marient, ils ont le culot d’avoir des enfants, mais ils ne grandissent pas.
Si je ne fais pas attention, je risque de confondre les verbes grandir et vieillir.
C’est quoi être un adulte ? Est-ce simplement faire des trucs d’adulte ? Ou bien est-ce un chemin intérieur plus profond ?
Je crois profondément que grandir, c’est partir à la découverte de soi. Explorer mes zones d’ombres puis les intégrer. Chercher ce qui m’anime au fond puis décider — ou non — de me mettre en mouvement pour les nourrir. Découvrir le lien qui m’unit aux autres et au monde puis en prendre soin. Prendre du recul sur mes propres croyances et celles que la société essaie de me faire intégrer, puis décider de ce qui est moi. Et lâcher prise sur ce que je ne contrôle pas.
Je me dis que c’est ce que Maya Angelou avait en tête en écrivant ça.
Si je regarde le sujet d’un point de vue un peu moins spirituel, ça me fait penser à l’Analyse Transactionnelle1 — un champ de la psychologie très utilisé en coaching. Elle postule qu’il existe des « états du moi. » Sans entrer trop dans les détails2, il y a plusieurs personnages que l’on joue dans nos interactions avec les autres, plusieurs typologies de croyances + comportements que nous adoptons :
- le Parent, qui représente plutôt le domaine l’appris, et qui est divisé en 3 catégories :
- le Parent Nourricier, qui protège, soutient ou encourage
- le Parent Normatif, qui dévalorise, donne les lois et les normes ou maintient dans la dépendance
- l’Adulte, qui représente plutôt le pensé, l’objectivité et la vie expérimentée
- l’Enfant, qui représente plutôt le domaine du ressenti et des émotions, et qui est divisé en 3 catégories :
- l’Enfant Libre, qui est créatif, indépendant et spontané
- l’Enfant Adapté Soumis, qui sous l’influence du Parent
- l’Enfant Adapté Rebelle, qui est en réaction au Parent
Dans ma relation à l’autre, mon état du moi entre en transaction avec l’état du moi de la personne en face. C’est ce qui a donné son nom à cette théorie. Ils s’influencent mutuellement et peuvent faire naître des jeux psychologiques.
Dans ma relation à moi-même, je peux avoir différentes parties de moi qui représentent plusieurs de ces états et entrent en confrontation. Par exemple, mon juge intérieur — représenté par le Parent Normatif — va critiquer mon enfant intérieur — représenté par l’Enfant Libre, etc.
Avec l’éclairage de ce modèle — qui, à ce titre, est donc très simplificateur — je lis Maya Angelou comme : je vieillis, mais je ne me comporte pas pour autant comme un être intégrant tous ces états du moi. Je ne développe pas l’état Adulte et je ne découvre pas la puissance de naviguer sainement entre ces états, en fonction des situations et en conscience de ce que cela sert.
Mes enfants aussi confondent encore grandir et vieillir. Mais ils pensent à grandir au sens physique du terme : le nombre de centimètres que l’on mesure à la toise. Ils me demandent régulièrement : « papa, est-ce que tu grandis toujours ? » Maintenant, plutôt que de dire non, je pourrais leur répondre : « j’espère bien ! »
Notes & références
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