(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Labéliser ses émotions
Mettre des mots dessus pour en diminuer les effets
On peut avoir peur de mettre des mots sur nos émotions fortes. Comme si le fait de les nommer, de les prononcer tout haut les rendait plus réelles. Et donc plus difficiles à supporter.
Il semblerait que l’opposé soit en fait vrai. Les labéliser précisément serait la première étape vers une dilution de leur pouvoir sur nous.
Dans son dernier livre1, Marc Brackett cite une étude2 de l’université américaine UCLA démontrant justement cet effet. Les chercheurs ont placé des individus souffrant d’une sévère arachnophobie — la peur pathologique des araignées — dans la même pièce que l’objet de leur effroi. Un groupe avait pour mission de décrire ce qui se passait dans un langage neutre alors qu’un autre groupe devait décrire ses ressentis et émotions.
Les membres du second groupe ont été capables de s’approcher de la cage de l’araignée et les réponses inconscientes de leur corps étaient moins extrêmes. Et l’effet a duré dans le temps. Plus ils exprimaient leur anxiété et leur peur, plus ils mettaient des mots sur elles et moins elles avaient de pouvoir sur eux. En revanche, leur perception de leur peur n’a pas vraiment été affectée.
Il est temps de casser le modèle - surtout chez l’homme — de la personne forte, qui réprime ses émotions, ne s’autorise pas à les exprimer... c’est le meilleur moyen de leur laisser finalement plus de pouvoir et de les mettre aux commandes.
Notes & références
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Marc A. Brackett. Permission to feel: unlocking the power of emotions to help our kids, ourselves, and our society thrive, 2019. ↩
-
Katharina Kircanski, Matthew D. Lieberman et Michelle G. Craske. « Feelings Into Words: Contributions of Language to Exposure Therapy », Psychological Science, 2012, 23 (10), p 1086‑91. ↩
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