(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Neurones miroirs
Empathie #1 -- Sa source neuroscientifique
Cette semaine, j’écris autour du sujet de l’empathie et ce qu’elle permet.
Les idées sont tirées d’une mini-formation1 — 1 h 30 très orientée pratique — que j’ai donnée plusieurs fois à EDF en 2019.
Dans les années 1990, des chercheurs italiens2 découvrent, chez le singe, que l’aire du cerveau qui s’activait lorsqu’il exécutait une action — principalement le cortex prémoteur —, s’activait aussi lorsqu’il avait l’intention de l’exécuter ou lorsqu’il observait un autre singe exécutant une action similaire.
Ils ont appelé ça les neurones miroirs, et c’est une découverte importante des neurosciences. D’autres chercheurs ont prouvé, en 20103, que les humains en étaient aussi dotés.
Selon le primatologue Frans de Waal, c’est une capacité propre aux mammifères qui se serait développée au cours des millénaires, à partir des soins parentaux prodigués aux petits et permettant notamment l’apprentissage par imitation.
Ainsi, je ne sais pas si vous avez déjà donné à manger à la cuillère à un enfant, mais moi, lorsque je le fais, je ne peux m’empêcher d’ouvrir la bouche au moment où j’approche la cuillère de la bouche de l’enfant. Et ça n’est pas pour lui montrer quoi faire ! C’est simplement mes neurones miroirs qui s’activent un peu trop : ils ont simulé une action qui a été exécutée...
J’ai aussi enfin compris pourquoi les bâillements étaient contagieux !
Ces circuits cognitifs donneraient donc à ceux qui les possèdent les capacités de percevoir, reconnaître et d’éprouver, voire « d’entrer en résonance affective avec les sentiments d’autrui et de prendre conscience de leur situation ».
Ainsi, les neurones miroirs sont au cœur d’un lien qui nous attache aux sentiments des autres et nous rend interdépendants. On appelle ça l’empathie et elle va au-delà des neurones miroirs : elle fait appel à l’observation, la mémoire, la connaissance et le raisonnement. On découvrira demain des façons très différentes et complémentaires de la définir.
Ce que je trouve intéressant, c’est que la science prouve ce que les Orientaux croient depuis longtemps : nous ne sommes pas séparés, nous sommes interconnectés grâce à ce processus physiologique et cognitif.
Notes & références
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J’en ai donné quelques-unes du même style ces dernières années. ↩
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Giacomo Rizzolatti, Luciano Fadiga, Vittorio Gallese, et Leonardo Fogassi, « Premotor cortex and the recognition of motor actions », Cognitive Brain Research, 1996, 3 (2), p 131‑41. ↩
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Christian Keysers, Valeria Gazzola, « Social Neuroscience: Mirror Neurons recorded in Humans », Current Biology, 2010, 20 (8), p 353–354. ↩
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