(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Nos drivers
Ce règlement intérieur, intégré inconsciemment, qui m'influence en cas de stress
L’analyse transactionnelle1 est une théorie2 psychologique créée dans les années 60-70 par le psychiatre et psychanalyste Éric Berne. Elle éclaire notre fonctionnement notamment vis-à-vis des autres.
Un modèle3 de cette théorie est celui des 5 drivers, ou messages contraignants. Ce sont des croyances que j’ai développées durant mon enfance, face à la répétition de messages émis par des adultes référents — mes parents principalement. Je les ai intégrées inconsciemment afin de développer un comportement qui augmente, dans ma perception d’enfant, ma chance d’être aimé et donc de survivre.
Il y en a 5, mais en général, j’en intègre un dominant, qui peut diriger aujourd’hui mon comportement lorsque je suis soumis à un stress léger :
- « Sois parfait » : face au message répété « c’est bien, mais tu aurais pu mieux faire"
- "Sois fort » : face au message répété « ne pleure pas » ou « sois un homme"
- "Fais des efforts » : face au message répété « allez, essaie encore » ou « on n’a rien sans rien"
- "Fais plaisir » : face au message répété « tu n’es pas gentil"
- "Dépêche-toi » : face au message répété « tu n’as pas encore fini ? »
Il y a un débat sur leur universalité. Claudie Ramond affirme que ces drivers sont propres au monde chrétien occidental. En Asie, comme dans la culture musulmane, le principal message contraignant serait plutôt : « Sois fidèle » (à ta famille, à ton clan, à ton pays, à ta religion, etc.).
Ces drivers sont à double tranchant. Ils peuvent m’aider à avancer dans une direction recherchée, par exemple si mon driver dominant est adapté à l’environnement professionnel dans lequel j’évolue.
Mais comme tout processus inconscient, il peut m’enfermer et devenir une croyance limitante. Par exemple, si je suis sensible à « fais des efforts » et que j’obtiens avec de la facilité le fruit d’un certain travail, je vais peut-être considérer qu’il n’a finalement pas tant de valeur que ça, parce que je n’aurais pas assez souffert pour l’obtenir. Dans les autres cas, je vais chercher la perfection sans pouvoir l’atteindre, cacher mes faiblesses et mes émotions, faire les choses pour les autres et non pour moi, ou bien procrastiner et attendre le dernier moment pour agir, dans la précipitation et la frustration.
Souvent, le driver constitue alors une forme d’idéal, impossible à atteindre, qui va générer de la souffrance chez moi. Il est donc important d’en prendre conscience afin d’essayer de m’en libérer.
Et l’étape d’après, c’est essayer de minimiser ces messages contraignants avec mes enfants ! Afin de ne pas trop développer un driver chez eux... d’autant plus que leur driver va probablement être un reflet du mien... Pour rigoler4, et aussi un peu sérieusement, quand je ne trouve pas d’autre moyen que de tomber sur une de ces injonctions, je choisis consciemment de les varier. J’espère ainsi ne pas développer un message contraignant dominant chez mes enfants. Au risque, peut-être, de développer les 5 !
Notes & références
-
Je l’ai évoquée ici plusieurs fois, à propos de : la programmation sans égo, l’effet IKEA, le shit sandwich et surtout les positions de vie. ↩
-
Un bon petit livre pour commencer : R. de Lassus, L'analyse transactionnelle: une méthode révolutionnaire pour bien se connaître et mieux communiquer, 2013. ↩
-
Il fait partie intégrante du modèle de la Process Communication, développé par Taibi Kahler. ↩
-
Intérieurement et avec mon épouse, qui connaît bien ces sujets aussi. ↩
Réagir & partager
- Participe à la conversation ou à son écho sur LinkedIn !
- Temps de lecture : 3 minutes
- Pour te poser une sage question chaque matin :