(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Sensation, émotion, sentiment
Faisons le tri entre ces notions
J’ai parlé ces derniers jours1 du rôle de central de l’empathie et de l’auto-empathie dans la vie, notamment dans la résolution des tensions profondes que je peux avoir seul, ou avec l’autre.
J’ai aussi montré que les émotions jouaient un rôle très important dans ce processus. Elles sont les symptômes du nourrissement, ou non, de mes besoins fondamentaux. Mais elles ne sont pas toujours très faciles à reconnaître. Et on utilise parfois d’autres mots pour les désigner : sensation, ressenti, sentiment.
Pour avoir les idées claires dorénavant, je vais les documenter2 ici, en commençant par les définir, par ordre d’apparition.
Tout d’abord, une sensation est une réaction physique à un stimulus sensoriel. Autrement dit, l’un de nos sens perçoit quelque chose et transmet, par notre système nerveux, un message qui va être décodé par notre cerveau — chaud, froid, douleur, etc. — et potentiellement des réactions physiques réflexes associées.
Ensuite, l’émotion est une réaction psychologique (pensées négatives ou positives, changement d’humeur, etc.) et physique (rougissement, accélération cardiaque, transpiration, etc.) à l’interprétation de la réalité. Elle peut naître en réponse à une sensation, et dans ce cas sa partie physique l’englobe. Mais elle peut aussi apparaître à la remémoration d’une sensation ou d’un évènement passés. C’est un peu discuté, mais on dit souvent qu’il y a six émotions de base3 : la joie, la tristesse, la colère, la peur, la surprise et le dégoût.
Enfin, le sentiment est une attitude mentale qui peut durer dans le temps et qui est souvent le prolongement d’une ou plusieurs émotions exprimées — ex. : angoisse suivant la peur, honte qui combine la peur plus de la colère contre soi — ou refoulées — ex. culpabilité si la colère ne s’est pas exprimée. Il peut ainsi être caractérisé par une métaréaction : la réaction que j’ai à la réaction que j’ai eue — exemple déjà cité de la honte.
Je n’ai pas parlé du ressenti qui est finalement un terme chapeau qui peut recouvrir, suivant les gens et les situations, les trois notions précédentes.
Si on fait le lien avec nos pensées, on voit que :
- la sensation n’est pas un processus cognitif
- le sentiment en est clairement un
- l’émotion est entre les deux
Mais les scientifiques s’accordent de plus en plus à dire que l’émotion est aussi le résultat d’une évaluation cognitive, un processus cognitif, rapide, automatique, inconscient, dont la fonction est d’évaluer les stimuli perçus sur la base de critères particuliers dont :
- pertinence : est-ce que ça m’affecte (ou mon groupe) ?
- implications : quelles sont les conséquences (sur mon bien-être ou mes buts) ?
- coping : suis-je capable de faire face à ces conséquences ?
Autrement dit : on est censé pouvoir se détacher de nos émotions. C’est compliqué, c’est du travail — certains trouvent que la méditation pleine conscience aide — mais c’est possible !
Notes & références
-
On a vu sa source dans les neurones miroirs, puis vu son rôle dans la communication non violente et appris à la développer. ↩
-
Ce sont de grandes lignes : c’est une science qui se développe et il y a beaucoup de théories, interprétations, avancées, controverses... Et c’est fondamentalement idiosyncrasique (c.-à-d. que ça dépend de la personne). ↩
-
À ce sujet, il faut absolument voir le film d’animation de Disney/Pixar Vice-versa, et pas seulement si on a des enfants. ↩
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