(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Madame et monsieur sont sur un bateau
En couple, on cause parfois inconsciemment le déséquilibre qu'on essaie justement de réduire
Dans un de ses livres séminaux sur le changement1, Paul Watzlawick donne un exemple de relation dans le couple qui a été une révélation pour moi.
Il donne l’image d’un couple, sur un voilier. Chacun des deux penche d’un côté du bateau pour essayer de le maintenir droit et immobile. Plus l’un penche vers l’extérieur afin de le stabiliser, plus l’autre doit aussi pencher vers l’extérieur pour compenser. Alors que le bateau serait assez stable si aucun des deux ne faisait d’acrobatie et s’ils décidaient tous les deux de revenir doucement vers le milieu de façon coordonnée afin de profiter de la croisière.
Cette image m’a beaucoup marqué, car elle représente un mode de fonctionnement que nous adoptons parfois avec mon épouse.
Il nous arrive de jouer l’avocat du diable et de prendre parfois des positions plus extrêmes que nos convictions pour provoquer un questionnement plus profond — et élargir notre fenêtre d’Overton2 —, pour explorer plus en détail un sujet afin de prendre une bonne décision, ou simplement pour essayer d’avoir raison ! Nous sommes souvent, l’un pour l’autre, ezer keneged3 — cet autre qui « aide en étant contre », décrit dans l’Ancien Testament.
C’est parfois utile. Mais c’est souvent épuisant, surtout si ça dure un peu trop longtemps. Et surtout, c’est risqué, car on s’éloigne en le faisant, sans parfois en avoir conscience.
En plus, dans cet exercice parfois très mental et rhétorique, nous perdons souvent le sens et le besoin profond que chacun de nous avait, derrière des couches d’arguments et contre-arguments.
Depuis la lecture de Watzlawick, nous avons cet ancrage commun : cette image du bateau qui tangue simplement parce que le couple prend des positions de plus en plus opposées pour essayer de le stabiliser...
Alors il nous suffit souvent de l’exprimer, de dire à l’autre « ne serait-on pas en train de faire comme ce bateau ? » Cela suffit pour ouvrir les yeux et nous faire revenir, bien centrés, au milieu du bateau afin de se retrouver et de profiter du voyage.
Notes & références
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P. Watzlawick, J. H. Weakland et R. Fisch, Changements. Paradoxes Et Psychothérapie, 2014. ↩
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Voir cet apprenti-sage sur la fenêtre d’Overton. ↩
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Voir cet apprenti-sage sur l’ezer keneged. ↩
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